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Les intervenants du Colloque Femmes et précarité au Centre Le Mistral
Contenu national
Thème
Précarité
Prise de position
Commune
Marseille

Précarisation des conditions de vie des femmes

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Texte

L’appauvrissement à l’issue d’une rupture, la charge des enfants, la dégradation et l’allongement de l’instabilité liés au logement et la précarisation des contrats de travail nous amènent à constater une plus grande vulnérabilité des femmes face aux aléas de la vie et à une plus forte exposition à la pauvreté. 
L’aggravation de la précarité chez les femmes, en particulier de nationalité étrangère, les amène à être majoritaires à  franchir la porte du Secours Catholique. Cette féminisation de la pauvreté est un phénomène en constante évolution (57,5% en 2022, contre 51% en 1989), touchant surtout les femmes avec enfants, et ce, tout au long de leur vie, qu’elles soient jeunes, travailleuses précaires, cheffes de famille ou encore femmes âgées.

Ces observations ont été présentées par Raphaël Quartier, chargé d’études statistiques au siège national du Secours Catholique, qui a ouvert le colloque organisé le premier décembre au Centre Le Mistral. L’objectif était de proposer une mise en perspective du rapport statistique national avec les réalités des femmes en situation de précarité. Cet événement a été l’occasion d’écouter les témoignages de femmes concernées et de réunir actrices et acteurs associatifs, chercheuse et élue, autour d’un sujet qui dépasse les frontières du monde associatif et s’inscrit dans un changement de regard sociétal sur la visibilité des femmes. Dans chacune des interventions, nous avons cherché à être proches des différentes composantes de la vie des femmes en situation de pauvreté, afin d’être au plus près de leurs réalités et des différentes formes d’injustice et de violence auxquelles elles sont exposées.

 

Extrait du témoignage sur l’accès aux soins d’une maman seule avec un enfant malade, bénévole dans plusieurs accueils du Secours Catholique :                                             

« En tant que maman seule, veiller sur un enfant malade nécessite un équilibre délicat entre patience et efforts constants. Malgré mes tentatives de rester positive, il m'arrive de pleurer face à l'accumulation des défis, entre l'épuisement, la tristesse, le manque de temps pour moi-même, et l'oubli de soi. Un soir, préoccupée par la santé de mon fils, le stress a provoqué des palpitations inquiétantes. Hébergée en face de l'hôpital, j'ai décidé de me rendre aux urgences. À l'accueil, on m'a demandé de voir l'infirmière à l'autre guichet. Malheureusement, malgré la présence calme de mon fils dans sa poussette, on m'a informée qu'il était impossible de me consulter avec un enfant. Une consultation payante en externe a été proposée, mais sans ressource, c'était une option hors de portée. Je suis sortie en pleurant, seule dans ma détresse, avec des inquiétudes grandissantes pour la santé de mon fils. Le lendemain, j'ai trouvé du réconfort auprès des Médecins du Monde, qui se sont révélés humains, attentifs et compréhensifs. Depuis ce jour, je pense à toutes les femmes seules avec des enfants, confrontées à des obstacles similaires dans l'accès aux soins. Mon fils, chaque jour, m'apprend à être forte face à sa maladie. C'est un grand guerrier, et heureusement, je trouve toujours la force nécessaire, surtout grâce à l'amour de mon fils, à son sourire inspirant, et à la volonté d'aider les autres en cuisinant au Secours Catholique. Ces éléments sont autant de sources d'inspiration et de motivation dans ma vie de maman seule face aux défis de la maladie. »

 

Bérénice Penafiel, docteure en sociologie, qui a consacré ses recherches à l’analyse approfondie de la vie quotidienne des personnes sans abri, nous a éclairés sur les différentes stratégies que mettent en place les femmes et l’importance de proposer des lieux de repos :                                                                                  

« Elles [les femmes] marchent beaucoup en journée mais aussi la nuit pour ne pas s’endormir et peuvent être à la recherche de lieux de repos en journée pour se reposer, plus sécurisants pour elles ». 

 

Les violences conjugales, le non-recours et l’importance de l’intimité pour prendre soin de soi, ont aussi été des sujets abordés lors d’une table ronde avec Erik Thiriet, coordinateur aux Petits frères des pauvres, Elisa Aubrun, coordinatrice terrain à l’association La Cloche, et Pauline Duclos, animatrice au Secours Catholique de Marseille. Tous ces sujets ont largement nourri notre réflexion sur le projet d’ouvrir prochainement un accueil de jour spécifiquement adapté pour accueillir des femmes et des enfants.

 

Plus d’infos : bettie.laplanche@secours-catholique.org