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Marseille

Budget des ménages : des choix impossibles

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Le Secours Catholique publie ce jeudi 12 novembre 2020, son rapport statistique annuel sur l’état de la pauvreté en France à partir des données recueillies en 2019 par des bénévoles engagés dans l’accueil des plus pauvres, sur l’ensemble du territoire. Cette analyse est enrichie d’une étude sur le budget dont disposent les plus pauvres pour subvenir à leurs besoins.

Aujourd’hui, en France, des personnes disposent de 2 à 9 euros par jour, au mieux, pour se nourrir ou s’habiller une fois réglées leurs dépenses contraintes, comme le loyer. Chaque jour, des familles font face à des choix impossibles : payer la cantine ou la facture d’énergie. Chaque jour, par manque de moyens, des parents doivent dire non à leurs enfants quand ceux-ci veulent pratiquer un sport ou participer à l’anniversaire d’un camarade de classe. Cette réalité est décrite dans l'édition 2020 du rapport statistique du Secours Catholique sur l’état de la pauvreté en France. 

 

Le budget des ménages dans le diocèse de Marseille 

En 2019, 1 500 foyers étaient habituellement suivis et accueillis par les équipes de la délégation de Marseille constituées par près de 600 bénévoles et 11 salariés.

  • Près de 6 personnes sur 10 viennent chercher au Secours Catholique de Marseille, un accueil et une écoute inconditionnelle.
  • En région PACA, entre 2014 et 2019, le revenu par unité de consommation a baissé, passant de 520 à 504 euros mensuels.
  • 7 personnes accueillies sur 10 a entre 25 et 49 ans. Ce sont véritablement les foyers avec enfants qui sont dans le cœur de l’action de l’association.
  • La ville de Marseille concentre beaucoup de pauvretés dont les formes sont multiples et se cumulent. Certaines sont plus prégnantes comme le logement. L’habitat insalubre ou les marchands de sommeil fragilisent des familles déjà précaires. Accéder à ses droits est également un enjeu crucial pour la plupart des foyers suivis et les deux se cumulent souvent. Le peu de loisirs est toujours relégué à plus tard.

 

François Gomez, président du Secours Catholique de Marseille, explique l’importance du projet des vacances-familles : « Cette année, comme l’année dernière d’ailleurs, le Secours Catholique de Marseille a accompagné une trentaine de familles en vacances. Une partie de ces personnes que nous connaissons bien n’ont jamais pu sortir de chez elles, de leur quartier. Nous sommes allés dans les Vosges, certains jeunes pensaient être à l’étranger. Pourtant, ce sont aussi ces choses qui sont prioritaires : souder une famille cela se fait par des bons moments et pas uniquement lorsqu’il faut choisir entre se nourrir et s’habiller. Les familles qui sont parties l’année dernière nous en reparlent encore. Se projeter, rêver, c’est aussi essentiel même quand comme à Marseille, la pauvreté est si présente. Malheureusement, les conséquences du confinement puis du re-confinement vont soumettre les familles, leur budget à rude épreuve. L’alternative à laquelle elles sont confrontées pourrait se résumer à payer son loyer ou manger. Contre cette précarité, cette ultra-précarité, nous nous battons. Malgré le pessimisme et face à ces réalités accablantes, nous devons poursuivre ce combat et espérer » conclue-t-il, pessimiste.

 

L’aggravation de la situation des plus pauvres

Les crises économique, sociale, écologique, sanitaire se succèdent et nul n’est à l’abri, comme nous l’avons déjà constaté ces derniers mois. La crise sanitaire de 2020 est venue souligner la difficulté des ménages les plus pauvres à affronter les accidents de la vie. Dans un autre constat alarmant, nous avons noté la part des personnes invisibles, qui survivent à leurs besoins de manière précaire à travers l’économie informelle. La délégation de Marseille estime à environ 600, le nombre de nouveaux foyers qui ont sollicité l’aide du Secours Catholique pendant le confinement. Aujourd’hui, les sollicitations continuent.

Thomas Piketty, économiste et directeur d’études à l’école des Hautes études des sciences sociales (EHSS) a lu avec intérêt notre rapport statistique, et nous a partagé dans une interview des pistes de réflexion. Il a été interpellé par « l’énorme progression de la part des personnes étrangères », qui est majoritairement sans papier : « On s’en doutait, mais le voir démontré de façon aussi nette est impressionnant ».

Le Secours Catholique Caritas-France appelle l’ensemble de la société à changer son regard sur les plus pauvres d’ici comme d’ailleurs. Partout, des élans de solidarité viennent pallier les déficiences des Pouvoirs publics. Le Secours Catholique plaide ainsi pour la mise en place d’un Revenu minimum garanti inconditionnel, qui constituerait un filet de sécurité à tous.

En savoir plus et télécharger le rapport complet