L'accueil mobile de nuit fête l'été et ses trente ans de tournées !

Comme chaque dernier vendredi du mois de juin, l’accueil mobile de nuit du Secours Catholique de Marseille invite ses frères et sœurs de la rue à l’ancienne école de la Grande Bastide pour partager un moment festif et aussi, cette année, fêter l’anniversaire des trente années de tournées.

17 heures, le vendredi 28 juin, plusieurs dizaines de bénévoles de l’accueil mobile de nuit et trois personnes accueillies sont là depuis le début de l’après-midi pour préparer les tables, la décoration, les boissons et les toasts, mettre en place les barbecues, la sono et la scène… Tout doit être prêt pour 18 heures.
Les invités ? Tous les acteurs de l’accueil mobile, bénévoles, sympathisants, personnes rencontrées chaque soir de l’année, depuis maintenant 30 ans.

« Chaque soir de l’année, ceux de la rue nous invitent »

Chaque soir, une équipe de quatre ou cinq bénévoles sillonne les rues de l’hyper-centre de Marseille et rencontre en moyenne 75 personnes. Toutes ont été invitées à la Fête de l’été. La Grande Bastide étant un peu isolée, le rendez-vous a donc été donné au métro Sainte-Marguerite-Dromel. Dès 18 heures, les bénévoles en minibus se relaient pour aller chercher leurs hôtes. Pierre nous explique :

« Chaque soir de l’année, nous sommes leurs invités, ce soir c’est notre tour de les recevoir ! ».

Dès leur arrivée, ils sont accueillis avec de grands sourires par les bénévoles qui remettent à chacun tee-shirt aux couleurs du Secours Catholique, badge avec leur prénom, verre de l’amitié, puis chacun s’installe, au gré des affinités, aux tables disposées à l’ombre des platanes. Chacun reçoit une part du buffet largement confectionné par les équipes bénévoles, des entrées variées et salades composées. Ils goûtent boissons et grignotis, et esquissent déjà un pas de danse au rythme de la musique.

Un doux parfum de grillades

Et puis, enfin, le barbecue ! Des monceaux de saucisses et merguez sortent des cuisines et dorent sur les trois barbecues tenus par une poignée de bénévoles. Un doux parfum envahit l’esplanade, il y en aura pour tout le monde.
Ces cuisines, c’est un peu le camp de base des équipes : chaque soir de l’année, l’équipe « en poste » s’y retrouve pour préparer la tournée. Chauffer la soupe et l’eau pour les cafés, sortir le pain, les bouteilles d’eau, les biscuits, les crèmes de gruyère, des pâtes, des boîtes de conserve… Sans oublier la trousse à pharmacie pour soigner d'éventuels bobos, et des couvertures suivant la demande et la température. On charge le véhicule et en route pour la tournée de nuit.

« Dieu vous bénisse »

Pour être présents chaque soir, près de 250 bénévoles se relaient, certains une fois par mois, d’autres une fois par semaine ou tous les quinze jours, pour rencontrer ces frères et sœurs de la rue, jeunes ou moins jeunes, de toutes origines, parfois malades, des habitués et des « p’tits nouveaux », souvent reconnaissants, les remerciant même d’un « Dieu vous bénisse ». Dans ces tournées, ils font connaissance, échangent, tissent des liens, distribuent nourriture et réconfort, et essaient de gagner la confiance. Ils les orientent parfois vers d’autres structures de jour qui pourront les accompagner. C’est à la fois riche et difficile, Benoît nous confie :

« Il faut parler, écouter, oublier quelquefois leur folie et leur ivrognerie. Le tutoiement est courant, les prénoms tous connus, mais la misère est toujours présente. »

22 heures, les barbecues s’éteignent, la musique prend le relais. Bruno, bénévole et référent des tournées du lundi, est aussi guitariste, harmoniciste et chanteur. Avec son groupe, il chante Neil Young, America, des tubes que les moins de vingt ans connaissent peut-être. On danse, on s’enlace, comme un parfum de fête… de l’été.

UN Besoin de fraternité

Il est presque minuit, les minibus repartent vers le métro. Tout le monde a participé, les acteurs sont heureux, certains sont fatigués, c’est l’heure de rentrer chez soi… ou dans son p’tit coin. Une quinzaine de bénévoles restent encore : il faut ranger et nettoyer. Et pour reprendre Pierre Atlante, diacre permanent, qui organise et sert l’accueil mobile de nuit depuis plus de 28 ans :

« Un grand merci à tous ceux qui, la plupart du temps, agissent dans l’ombre, sans compter et du fond du cœur. Nos amis de la rue ont besoin de nourriture, mais surtout de fraternité. C’est ce qui fait que les bénévoles rentrent de ces tournées épanouis, avec le sentiment d’avoir été utiles. »